Accueil > Textes et élucubrations > Morceaux choisis de VAE (Bernard Couapel) mars 2010
lundi 29 mars 2010, par
Voici quelques extraits de la VAE (validation des acquis de l’expérience) que j’ai présentée à la Cafoc de Nantes pour obtenir le titre de « Responsable de dispositifs de formation »
Le document complet est disponible ici
J’ai obtenu mon baccalauréat en 1973, puis j’ai entamé des études de kinésithérapie en 1974 après une année passée en Allemagne dont six mois comme ouvrier à l’usine Kugelfischer d’Hammelburg. En 1977, j’ai obtenu mon diplôme de Kinésithérapeute et ai fait mon service militaire tout en suivant la première année d’IUT électronique à Ville d’Avray.En septembre 1981, je me suis inscrit à l’université de Rennes 2 en Langues étrangères appliquées Anglais Allemand, option Russe et ai obtenu une licence LEA en juin 1984. Pendant cette période, j’apprenais l’informatique dans l’association Microtel et l’espéranto dans le club de Rennes.En septembre 1984, je suis entré en licence informatique à l’université de Rennes 1 avec une équivalence de mon DEUG LEA en DEUG maths physique grâce à mes connaissances autodidactes en informatique. J’ai obtenu mon DEA en 1987 après mon stage à Erlangen (Allemagne). En 1989, après une année humanitaire, j’ai entamé une thèse en informatique tout en travaillant comme enseignant à l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Rennes (ENSAR). Pendant cette période, j’ai suivi plusieurs formations d’entreprise, notamment sur la résolution des conflits. J’ai soutenu ma thèse en mars 1994 et obtenu la même année un certificat d’astronomie à l’université de Rennes 1. En septembre de la même année, j’ai fait un post-doctorat en informatique pendant 9 mois à l’université Beijing Jiaotong Daxue (Pékin) où j’ai aussi suivi des cours de chinois chaque matin.En 1996, j’ai entamé une licence de sciences du langage mention Français Langue Etrangère (FLE) associé à l’étude du Grec moderne, de l’Arabe et du Chinois. Après mon tour du monde, en 1998, j’ai continué en Maîtrise FLE, la première moitié à Rennes et la deuxième à Oxford (UK) où j’ai suivi des cours de pédagogie (méthode communicative) et fait mon stage. En 1999, je me suis inscrit en maître sciences humaine et continué par un DEA en 2000.En 2004-05, j’ai fait en Master en études des religions à Lancaster (UK), suivi en 2005-06 par un Master en administration de entreprises à l’Institut de Gestion de Rennes (IGR).
Les grandes étapes de mon parcours de formation sont le baccalauréat en juin 1973, mon diplôme de kinésithérapie en juin 1977, l’obtention de ma licence LEA en juin 1984, ma thèse en informatique en mars 1994, mon expérience à Oxford pendant ma maîtrise FLE, mon DEA de sciences humaines en 2001, mon Master en études des religions à Lancaster et enfin le master d’administration des entreprises de l’IGR. Chacune de ces expériences sanctionnées par un diplôme m’ont construit et participent à mon style d’enseignement, mais surtout par la diversité de mes expériences pédagogiques, me poussent à refuser la résignation et le renoncement des candidats à mes formations. C’est pourquoi je me refuse à empêcher une personne qui n’a pas les pré-requis nécessaires de suivre une formation si celle-ci montre une motivation. En effet, je cherche toujours à la guider afin qu’elle puisse trouver les ressources lui permettant d’accéder au niveau de connaissance nécessaires au suivi des formations si elle est motivée. C’est ma façon de rendre aux autres les chances que m’ont offerts les interlocuteurs que j’ai dû convaincre lors des réorientations de mon parcours de formation.
Les étapes significatives de mon parcours personnel et professionnel se découpent suivant les périodes de la vie et des aléas qui la parsèment, mais les transitions entre ces étapes font apparaître des lignes de force que je vais essayer de dégager.
A partir de l’âge de 15 ans et pendant toute mon adolescence, j’ai eu une indépendance de vie que m’apportait le fait de vivre presque seul après la séparation de mes parents, ce qui m’a poussé à faire des choix très jeune sur l’avenir que je souhaitais construire. Les voyages à moto dès l’âge de 17 ans, puis avec mon père pendant les vacances m’ont ouvert la porte aux cultures européennes. Après mon baccalauréat, à 19 ans, j’entrepris un séjour en Allemagne où j’ai travaillé pendant 6 mois comme ouvrier dans une usine, puis ce fut le début de mes études de kinésithérapie que j’ai terminées en 1977 à l’âge de 23 ans.
Après mon service militaire, je me suis installé en libéral tout en travaillant comme salarié à mi-temps dans une clinique. Cependant, si ma profession m’intéressait par ce qu’elle apporte aux personnes, j’étais insatisfait par le fait qu’elle m’empêchait de voyager et d’étudier. Je recherchais donc des dérivatifs dans la vie associative, notamment un club informatique, un club d’espéranto et l’association des amitiés franco-chinoises. C’est à cette période que j’ai attrapé le virus de l’informatique qui ne m’a pas quitté depuis. En 1981, je repris des études de langue à l’université et peu à peu, j’ai pris du recul par rapport à mon activité de kinésithérapeute que j’ai quitté en 1984 après l’obtention de ma licence LEA et mon entrée en licence informatique. Le travail comme gérant de la société de représentation de mon père à mi-temps m’a permis de continuer mes études tardives et d’utiliser mes compétences en langues étrangères par un stage de DEA en Allemagne.
Après ce DEA, je décidai de faire une année humanitaire. Après une saison aux restaurants du coeur de Rennes, je partis au Liban exercer mon ancienne profession de kinésithérapeute tout en enseignant ce métier à des adultes et organisant un centre de rééducation dans un ancien monastère avec du matériel donné par les américain. Ce fut une très riche expérience humaine qui alliait solidarité et contact avec un monde très différent de l’occident et emprunt d’une grande humanité, peut être par le resserrement des liens dans les périodes de souffrance mais aussi l’accueil chaleureux des Libanais. C’est pendant cette période que j’ai eu ma première expérience d’enseignement significative et où j’ai senti que je pouvais être un enseignant.Au retour de ma mission, j’ai trouvé un poste d’enseignant chercheur à l’ENSAR, où j’ai fait ma thèse en relation avec l’INSA et l’IFSIC. Pendant cinq ans, j’ai alterné la recherche associée à mon travail de thèse et l’enseignement aux étudiants ingénieurs en agronomie. J’ai conçu des modules d’enseignement ainsi que les évaluations associées. D’autre part j’ai encadré des projets et activités personnelles qui faisaient partie de leur cursus. Une semaine avant mes 40 ans, j’ai soutenu ma thèse et j’ai postulé pour un post- doctorat en Chine dans une université pékinoise. Cette période fut aussi très riche car le contact avec la culture chinoise m’a offert, après le monde arabe, un troisième pôle de civilisation pour analyser la nature humaine qui est le fondement commun qui se cache derrière les différences culturelles.
Lorsque je suis rentré à Rennes, j’ai commencé ce que l’on peut appeler une période de galère où mon ancien entourage professionnel m’a fait payer ma différence et ma réticence à rentrer dans le monde de l’égo. Mon travail de thèse a été approprié et je me suis retrouvé sans emploi stable. Un voyage autour du monde d’un an m’a remis sur les rails de mon destin, puis une expérience d’enseignement du Français dans un collège en Angleterre m’a fait rencontrer de grandes difficultés à gérer des élèves turbulents, peu motivés à l’apprentissage du Français. Mon erreur fut de m’adresser à eux comme je le faisais avec des étudiants et adultes, délaissant les problèmes de discipline inhérents à un groupe d’enfants ou adolescents. D’autre part l’enseignement des langues ne me motive pas autant que celui de matières scientifiques ou techniques, ce qui a nuit au dynamisme nécessaire pour capter l’attention des apprenants. Si cette expérience était à refaire, je crois que je saurais mieux gérer cette situation, maintenant que je suis père de famille.
C’est en 2000, peu de temps après la naissance de ma fille, que j’ai retrouvé une stabilité professionnelle en exerçant le métier de formateur dans un centre de formation rennais. C’est dans cette entreprise que j’ai commencé à concevoir des enseignements du système Linux et encadrer des formations d’administrateurs réseaux. Fin 2004, j’ai été licencié économique, et après une année d’études des religions pendant mon divorce, j’ai fait un master en administration des entreprises tout en démarrant une activité freelance de formateur consultant en logiciel libre.
Lorsque je déroule mon parcours les auditeurs me considèrent souvent comme un éternel étudiant voyageur. Lors d’une journée de simulation recrutement pendant mes études à l’IGR, un des membres du jury m’a même traité d’honnête homme au sens du XVII siècle. Certes mon parcours peut paraître original voire décousu, mais de mon point de vue il est au contraire emprunt d’une continuité face aux aléas de l’existence.
La vie m’a apporté l’indépendance et la liberté en compensation d’un manque affectif familial, et j’ai très tôt défini l’orientation de ma vie, pas dans le sens d’un métier et d’une stabilité socio-professionnelle, mais plutôt dans le sens des expériences que je voulais vivre. Le vrai départ de ma démarche semble être en 1980 lorsque je me suis inscrit simultanément à un club d’informatique, d’espéranto et d’une association d’amitié franco-chinoise. En effet, l’informatique m’a amené à ma profession actuelle, l’espéranto m’a guidé dans mes voyages et mes rapports sociaux, et c’est aussi cette langue qui m’a amené en Chine par le biais d’un stage d’acupuncture en espéranto que j’ai suivi à Pékin en 1990. C’est à cette occasion que j’y ai rencontré la mère de ma fille et que j’ai décidé d’y faire mon post doctorat après ma thèse. Derrière ces trois axes se déroulent les trois lignes de force de mon développement personnel, à savoir la recherche, les voyages et le partage. La recherche scientifique qui a été une période importante sur le plan personnel mais aussi recherche d’expériences nouvelles qui enrichissent ma vie, les voyages physiques avec mon sac à dos et intellectuels par les études et enfin le partage avec les autres par les échanges, l’enseignement et maintenant avec ma fille en garde alternée.
La continuité dans les différences s’est maintenue par ma capacité à ne jamais renoncer. Par exemple pendant mes études de kinésithérapie et de langues, je n’ai jamais fait une croix sur les mathématiques comme il se doit dans ces filières. Cela m’a permis d’aborder une licence d’informatique avec une équivalence de DEUG de langues, de faire mon stage de DEA dans le domaine de la mécanique des fluides et de faire ma thèse sur la stéréovision par ordinateurs. D’un autre côté ma volonté d’ouverture vers les langues m’a poussé à (ré)apprendre l’allemand pendant ma période d’ouvrier en usine, puis de faire mon rapport de stage de DEA en Français et en Allemand.C’est cette réticence au renoncement qui m’a aussi soutenu dans les aléas de vie et contre le scepticisme voire la jalousie de ceux qui vivent dans le sens du courant lénifiant du quotidien et n’acceptent pas ce qui considère comme l’arrogance des précurseurs. Si la vague informatique pouvait se prévoir en 1980 avec l’apparition de la micro informatique dont les membres de mon club étaient les pionniers sur Rennes, la violence terroriste trouve ses racines dans les injustices de l’Histoire que j’ai rencontrée lors de mes voyages. De même mon seul moyen d’expression devant ma télévision qui égrenait les délocalisations d’entreprises lors de mon bannissement après mon année en Chine était « ah les cons !... ». J’ai cessé de le dire quand il était trop tard.
D’un autre côté, si la constance et la pugnacité sont des atouts pour surmonter les obstacles, il ne faut pas se buter et essayer d’enfoncer ce que l’on croit être des portes mais sont en fait des murs sur lesquels on risque de se casser la tête. Mon largage de la recherche institutionnelle m’a fait comprendre la réalité qui se cache derrière son idéal, et que pour continuer à lui appartenir il fallait comme dans tous les milieux de pouvoir, devenir comme eux. C’est ce que m’ont appris les études en sciences humaines que j’ai entreprises par la suite pour « rebondir » à ma manière. De même, lorsque l’on fait le choix ou que par nature on doit rester soi même devant les autres, il est difficile de jouer un rôle où l’on ne se sent pas bien. J’ai donc beaucoup de mal à faire passer un message lorsque je n’y crois pas ou je ne me sens pas capable de bien délivrer, et je demande à mes auditeurs la même motivation d’apprendre que j’ai de leur enseigner. C’est pourquoi l’enseignement des sujets dans lesquels je ne me sens pas bon a souvent été un échec. Qu’il s’agisse de l’enseignement du Français en Angleterre, notamment à des collégiens indisciplinés ou de la bureautique à des étudiants peu motivés, ces expériences ont été difficiles et m’ont montré ce que je ne savais pas faire. Cependant, elles m’ont aussi beaucoup apporté comme connaissance de moi même et aussi en apports secondaires. Par exemple après mon stage en Angleterre, j’ai obtenu ma maîtrise FLE, et ces études m’ont aidé à favoriser le bilinguisme de ma fille et à encadrer la démarche d’apprentissage du Français de sa mère.
En conclusion, mon parcours a été un aller et retour permanent entre la théorie et la pratique, entre le réinvestissement de mes études dans des expériences de vie ou plus souvent la systématisation de mes connaissances acquises par la pratique dans des études qui me permettent de synthétiser et prendre du recul par rapport aux expériences vécues.Mon style d’apprentissage est plutôt inductif, cela m’a aidé dans mes parcours de recherche ou de réorientation. Ce travail dialectique aboutit à un domaine de compétence basé sur des études académiques et un parcours personnel que je cherche ensuite à transférer aux autres soit par l’enseignement, soit par l’écriture sur des sujets qui me tiennent à coeur.Cette demande de VAE ne vient donc par hasard, car elle s’inscrit dans une démarche de recul et de formalisation de mes expériences passées et présentes
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La relation aux autres est souvent construite à partir de nos expériences passées. Pour ma part, la kinésithérapie exercée dans mes débuts professionnels m’a beaucoup apporté dans le rapport aux autres puisque cette profession dépasse le cadre du simple métier et nous met en contact direct avec l’humain, le bien être, les problèmes et angoisses que le patient exprime. De même, le rapport de l’enseignant et de l’apprenant induit une proximité d’esprit et complète pour moi les expériences paramédicales passées. Sur le plan de la relation, j’accorde beaucoup d’importance à l’empathie qui est le lien invisible de la compréhension mutuelle. Cette relation permet de déceler très vite la personnalité de l’interlocuteur, ses attentes et ses blocages. Mais cette compréhension mutuelle ne peut s’instaurer que dans la transparence, ce qui implique la franchise des deux côtés de la situation d’enseignement. C’est pourquoi le formateur doit instaurer son autorité d’une part en montrant ces capacités à enseigner et ses compétences dans son domaine mais aussi exprimer son humilité devant le savoir et délimiter le champ de ses compétences. En retour, l’apprenant doit exprimer ses attentes et lacunes afin que l’acte d’enseigner commence dans la connaissance mutuelle des capacités et limites. C’est le rôle des objectifs pédagogique qui doivent être clairs et convenus de part et d’autre.
Le but de l’enseignement constitue pour moi le dépassement de soi même, que ce soit le dépassement d’un blocage, pour une personne angoissée devant un ordinateur, ou de repousser encore les limites de sa connaissance pour l’expert. Ainsi j’ai tendance à être très exigeant vis à vis des bons et bienveillant avec les faibles. Je suis satisfait lorsque les bons sortent épuisés de mes formations, et lorsque les faibles sortent fatigués mais sereins. Cela signifie qu’il faut donner le maximum à ceux qui le désirent, mais qu’il faut aussi dédramatiser les choses pour les faibles ou les anxieux qui ont peur de ne pas réussir. Un mauvais enseignant ou un enseignant maladroit peut induire des blocages chez les apprenants. D’une part les erreurs enseignées demandent beaucoup d’efforts pour être corrigées, et d’autre part les blocages psychologiques induits par un enseignement brutal peuvent parfois se révéler irréversibles. C’est un peu le premier principe de la médecine qui est de ne pas nuire.
Pour ma part, je ne suis vraiment satisfait que lorsqu’une formation m’a appris un peu plus de connaissance ou sur moi même, un peu comme un voyage dans l’univers de l’esprit.Ce qui compte pour chaque acteur, c’est de donner le maximum de soi même. C’est ce que je demande à mes stagiaires, mais c’est aussi ce que je me demande dans mon rôle d’enseignant ou d’animateur. C’est pourquoi, j’ai beaucoup de mal à enseigner à un public peu motivé car je n’ai pas le retour de ce que je leur envoie.Il faut aussi, puisque l’on se trouve dans une relation commerciale qu’ils en aient pour leur argent, c’est à dire qu’ils aient le sentiment d’avoir acquis une compétence en rapport avec leur investissement financier, même si les bailleurs de fonds sont autres, c’est une question d’honnêteté et d’éthique. Mais comment quantifier la connaissance ? A l’heure ou la loi du marché met en concurrence les formateurs et que l’obsolescence des connaissance demande une remise en cause permanente de son savoir, il est difficile de conserver l’idéalisme et la noblesse de la fonction d’enseignant.
Mon meilleur souvenir de rééducateur a été le cas de la championne de France de parachutisme qui s’était fracturée la tête radiale, et qui était prête à s’évanouir pendant les premières séances de rééducation mais me demandait quand même de continuer. Je devais même la freiner, tellement elle était motivée pour reprendre le parachutisme. Lors des dernières séances, elle pouvait exécuter des dizaines de pompes, et à la fin elle a repris le parachutisme avec un avis médical favorable. Je n’ai jamais vu autant de volonté et de pugnacité pour réussir. Dans le même temps, un autre patient victime d’une fracture moins importante se laissait aller à la sinistrose et n’a pas pu vraiment récupérer alors que son pronostic était beaucoup plus favorable. Je retrouve souvent les mêmes profils psychologiques chez les apprenants. Les meilleures fins de formation se déroulent souvent dans une surexcitation collective devant un challenge ou tout le groupe s’unit pour réussir, les meilleurs entraînant les plus faibles dans leur volonté d’aller jusqu’au bout voire au delà. Dans ces cas là, je ne compte plus mon temps et suis prêt à allonger la durée de la formation pour accomplir ma mission jusqu’au bout. J’ai du mal à accepter les échecs et serais prêt le cas échéant à rembourser la formation à un stagiaire insatisfait. Je crois que la situation idéale pour un enseignant est le bénévolat car cela évacue les malentendus sur les motivations à enseigner. Je l’ai vécu au Liban pendant ma mission humanitaire et en ai retiré beaucoup de satisfaction. Malheureusement c’est une situation rare puisqu’il faut bien gagner de l’argent pour vivre.
La mise en situation d’enseignant comporte des composantes communes à tous type d’enseignement et de public. Que ce soit le simple fait de s’exprimer devant un public ou bien l’enchaînement des idées puis des thèmes dans une même progression pédagogique, ces compétences sont nécessaires et communes à toutes les formes d’enseignement. Quant à l’enseignement en face à face, il met en action les qualités psychologiques d’empathie si nécessaires dans les rapports humains.C’est dans la dernière année de ma thèse que j’ai vécu la plénitude des activités intellectuelles, alors que j’enseignais aux étudiants, que je poursuivais mes travaux de recherche et que je suivais des cours d’astronomie à l’université de Rennes. Je vivais alors les trois situations de travail intellectuel que sont l’enseignement, l’apprentissage et la recherche. J’ai pu alors ressentir la complémentarité de ces activités qui se renforcent l’une et l’autre et observer les statuts associés à chaque position dans la relation pédagogique. Ainsi pour être un bon enseignant, il faut pouvoir être un bon étudiant et vice versa, dans cette situation qu’est le rapport d’enseignant à élève, voire d’animateur par rapport au reste d’une équipe. De même, je crois que pour être un enseignant dynamique, il faut préserver un attrait pour la recherche qui permet d’élargir le champ de ses connaissances, et qui représente pour les apprenants la sublimation du savoir.
... J’ai abordé ce nouveau cycle dans ma vie après une expérience forte que représente une mission humanitaire dans un pays en guerre et que j’aborderai dans la prochaine section de ce document. J’étais profondément marqué et révolté face aux injustices que subissaient et subissent encore les peuples du moyen Orient. J’étais aussi très angoissé par ce nouveau challenge qui consistait à intégrer l’enseignement supérieur en qualité d’enseignant et la perspective de devoir mener à bien une thèse dans un domaine qui m’était inconnu. Certes mes précédents défis, notamment le stage de DEA effectué en Allemagne sur la mécanique des fluides et les équations différentielles qui m’étaient paradoxalement moins étrangères, noyées dans la langue Allemande, elle même rendue hermétique par ceux de mes collègues qui s’exprimaient en dialecte d’Unterfranken, m’avait montré que je savais faire face aux énigmes les plus ardues. J’avais su palier le retard en licence / maîtrise informatique du fait de mon équivalence de DEUG de langues en DEUG de maths physique, arraché in extremis à un responsable des formations de l’IFSIC incrédule et goguenard, mais là je me retrouvais dans l’antre de la statistique, mêlé à des conversations où mes interventions me ramenaient à mon inexistence.
J’ai beaucoup apprécié le contact avec les étudiants de cette école, car ils étaient très intelligents, travailleurs et motivé, sans pour autant avoir la « grosse tête ». Par contre mes relations avec certains collègues du laboratoire étaient plus difficiles, car après le paternalisme bienveillant, les relations se sont tendues lorsque j’ai cherché de l’aide pour mon travail de thèse. Mon encadrement était presque inexistant. Je ne voyais mon directeur de thèse à l’INSA qu’une fois par semaine puisque je travaillais à l’ENSAR. Dans le laboratoire, c’était plutôt chacun pour soi, dans une ambiance de guerre de succession pour la direction du laboratoire. J’ai dû chercher ailleurs de l’aide qui m’est arrivée de façon providentielle en la personne d’un enseignant de classe préparatoire retraité que j’ai trouvé au hasard de mes démarches avec mon bâton de pèlerin. Celui-ci m’a accueilli chez lui, écouté et compris les questions que je posais dans un langage que je ne permettrais pas de qualifier de mathématique, mais plus d’expression verbale de mon imagination tridimentionelle.Il m’a mis le pied à l’étrier et m’a permis ensuite de formaliser les avancées de mon travail de recherche. Bizarrement, l’étincelle de la réussite de ma thèse a jailli lors d’un pèlerinage que j’ai effectué au moyen Orient en plein milieu de thèse, dans un backpacker de Tel Aviv où un Palestinien sur une de ses questions dont il n’a même pas mesuré la teneur m’a ouvert la voie vers la réussite de ma thèse. Deux ans auparavant, j’avais été à Pékin suivre un stage d’acupuncture en espéranto d’un mois, et à mon retour de pèlerinage, j’avais une étiquette de Breton espérantiste illuminé bien ancrée dans la tête de mes collègues dont certains n’acceptaient pas mon franc parler et m’avaient prédit des années à venir très difficiles.Le 11 mars 1994 j’ai donc soutenu ma thèse avec les félicitations du jury qui a insisté sur la qualité de mon travail malgré un environnement difficile et l’originalité de mon parcours de vie.
... Cette expérience de cinq années dans une école d’ingénieurs m’a apporté l’expérience de concevoir des enseignements, de participer à l’élaboration d’un projet pédagogique de spécialisation des élèves ingénieurs agronomes de dernière année, et d’encadrer des étudiants dans leurs projets et activités personnelles. Ce fut une aventure humaine enrichissante par l’aspect relationnel et la prise de responsabilité d’un enseignement de haut niveau orienté vers le marché du travail. Les responsabilités que j’ai exercées pendant cette période m’ont préparé à cette fonction de responsable de dispositif de formation car elles m’ont placé dans les différentes postures de concepteur de projet pédagogique, d’enseignant et d’animateur de projets. J’ai eu certaines difficultés à me plier aux règles et comportements souvent brutaux du monde de la recherche académique et de l’enseignement supérieur dont le statut convoité mène à des comportements carriéristes difficilement compatibles avec mon profil de chercheur indépendant plus porté sur les expériences de vie et l’action. Ma volonté de faire mon post-doctorat en Chine était à l’époque jugée fantaisiste puisque la mode était alors de partir aux Etats-Unis ou au Japon. L’histoire récente a montré que ce projet était fondé puisque la Chine est maintenant omniprésente dans le contexte économique et politique. L’expérience chinoise d’un an que j’ai menée dans les conditions précaires de la vie populaire pékinoise n’ont pas suscité d’intérêt puisque la vision crédible de la Chine était celle des occidentaux confinés dans un bocal diplomatique soigneusement déconnecté de la vie locale et donc de la mentalité chinoise. Il reste a faire un important travail de formation, basé sur des expériences de terrain pour préparer ceux qui commercent ou collaborent avec la Chine. Mon rôle de responsable de dispositif de formation peut intégrer cette composante culturelle dans un projet pédagogique qui associe la migration vers les nouveaux outils informatiques et les relations avec l’Extrême Orient. C’est le contenu d’un projet pédagogique que j’ai proposé à la Région Bretagne et au pôle emploi cadre de Rennes.
A mon arrivée dans le Chouf, le kiné qui est actuellement en charge de la mission m’accueille avec les infirmières de l’autre mission. J’ai apporté une caisse de médicaments, une caisse de livres médicaux et mon sac à dos. La mission doit durer quatre mois et consiste à travailler dans l’hôpital comme kinésithérapeute et d’enseigner dans le cadre de l’école de kinésithérapie qui se trouve à une vingtaine de kilomètres, sur le Mont Liban, dans ancien monastère qui surplombe Beyrouth. La moitié des étudiants est francophones et l’autre anglophone, l’enseignement est donc bilingue et demande l’alternance permanente entre ces deux langues. Chaque responsable de la mission a carte blanche et doit transmettre à son successeur les thèmes qu’il a abordé en essayant de préserver une certaine cohérence dans la progression pédagogique. Il est en relation avec les médecins de l’hôpital pour son activité de kinésithérapeute et avec le chef local du PSP (parti socialiste progressif de Walid Jumblat) pour l’école de kinésithérapie. Les Américains ont fait don d’un matériel complet pour la mise en place d’un centre de rééducation fonctionnelle qui est entassé dans une pièce du monastère et dont une grande salle de dortoir est dédiée à son installation. Je suis le troisième intervenant dans cette mission, l’enseignement ayant commencé avec mon prédécesseur. Je dois travailler deux ou trois jours par semaine comme kiné à l’hôpital et trois à quatre jours comme enseignant dans l’école. Les objectifs de la mission sont d’une part de travailler dans l’hôpital sur les patients et d’autre part de former des étudiants à la kinésithérapie. Un voyage en Afrique du nord m’a familiarisé avec le monde arabe, une saison au restos du coeur de Rennes m’a plongé dans le monde des exclus et nécessiteux et mon activité de kinésithérapeute en clinique et libéral m’a apporté la pratique de cette profession. Le but principal de la mission est de former des kinésithérapeutes pour donner une autonomie sanitaire à cette région.
Il est essentiel de bien comprendre le contexte social et politique pour mener à bien cette mission. En effet les comportements et valeurs du monde arabe diffèrent sensiblement du monde occidental, et il est important de prendre en compte ces différences pour ne pas choquer la population, ce qui entraînerait un effet de rejet de la part celle-ci. Les rapports sociaux sont très codifiés, notamment en ce qui concerne le rapport entre les hommes et les femmes, le comportement en public, et le respect des anciens qui symbolisent la sagesse. Il est aussi important de prendre en compte la forte influence du religieux dans un pays qui regroupe dix sept communautés religieuses différentes dans un esprit de tolérance malgré la situation politique explosive due principalement aux influences étrangères et l’exportation du conflit israëlo-palestinien dans ce paradis transformé en enfer pendant la guerre civile. L’ambiance, voire le sens même de la vie est fortement modifié dans une situation de conflit, puisque l’on vit d’une part dans l’immédiateté de la mort qui peut surgir a tout instant dans la brutalité d’une explosion, mais aussi par les récits d’horreur que relatent les personnes qui ont vécu la violence du conflit et ont perdu la plupart de leurs proches. Sur les photos de famille, on me montre ceux qui sont toujours en vie, ils sont moins nombreux que les morts.
L’arrivée à Beyrouth dans un chaos indescriptible puis les barrages syriens ou de miliciens et la profusion d’armes portées parfois par des enfants, tout cela m’a demandé un peu de temps avant de m’habituer à cette atmosphère qui faisait un peu peur. Après une période d’adaptation, j’ai pu apprécier le tact et la gentillesse des militaires et miliciens à notre égard et la grande maîtrise et responsabilité de chacun devant les armes à feu. Cependant, le contexte obligeait à réfléchir à deux fois avant de s’affronter à quelqu’un, d’une part parce que la tension parfois palpable dans les périodes chaudes de la mission pouvait mener à des réactions excessives, mais aussi parce que ce n’était pas la peine d’ajouter à la violence qu’avait subi et que subissait toujours la population.Il était aussi important de comprendre aussi la relation historique entre la France et le Liban, avec notamment le mandat français encore récent qui avait laissé dans le coeur des Libanais le souvenir d’une domination accompagnée d’injustices. Le regard que nous portaient les Libanais était cependant bienveillant du fait de notre statut d’humanitaire, et il était essentiel de conserver cette posture, et de ne pas heurter la population par des points de vue guidés par notre éducation partielle et partiale.Enfin, les techniques pratiquées en kinésithérapie pouvaient heurter les patients qui étaient parfois réticents à se déshabiller ou bien intimidés devant les techniques de massage, et il était nécessaire de bien expliquer le pourquoi avant de soigner, parfois à l’aide d’un interprète pour ceux qui étaient seulement arabophones.Ma posture dès le départ a été de me présenter comme un breton espérantiste humanitaire, et à chaque fois que cela était nécessaire, j’ai privilégié le travail entre Libanais, et le contact physique entre femmes et entre hommes, mon rôle essentiel devenant peu à peu de faire le bilan initial, définir un protocole thérapeutique avec le stagiaire responsable du patient et l’encadrement administratif, organisationnel et thérapeutique du centre.
Il me semble que l’énergie que j’ai apportée au club a porté ses fruits car elle a été suivie par nombre d’adhérents qui ont donnée beaucoup pour que l’association survive aux difficultés, principalement financières qu’elle rencontrait. Les formations de qualité et les excellents travaux réalisés par le club de Rennes témoignent que l’énergie vitale est plus forte que les forces de l’argent. Nous avons tous ensemble porté le club au bout de nos volontés unies pour atteindre l’excellence. J’ai redécouvert plus tard cet idéal pendant ma mission humanitaire lorsqu’une de mes étudiantes m’a dit « ce que nous apprécions chez toi, c’est que tu veux toujours le meilleur pour nous ». Il ne s’agit pas ici de faire mon éloge sur ce plan puisque l’intention n’est rien sans le travail de l’entourage. Peut-être ai-je eu dans mes différentes responsabilités simplement un rôle d’entraîneur.
Quelques années plus tard, en 1989, j’ai eu l’occasion de reprendre un flambeau lorsqu’après les évènements de la place de Tiananmen j’ai pris la présidence des amitiés franco-chinoises, alors que cette association menaçait de s’éteindre à Rennes du fait de sa faillite face aux désistement des touristes français et des casseroles qu’elle trainait depuis la révolution culturelle. J’ai accompagné la fin d’une époque et la renaissance par l’association Rennes-Chine. Après le transfert d’activité vers Rennes Chine dont j’ai été aussi premier vice président, j’ai quitté ma place de président de l’association des Amitiés Franco Chinoises qui s’est ensuite éteinte.
La prise de responsabilité d’une organisation ou d’une action est une très bonne école de vie et de relations humaines car elle implique des capacités d’écoute, de synthèse des opinions et de prise de décision collective. Elle comporte aussi un rôle de représentant qui suppose une distance par rapport à soi même pour parler au nom d’un groupe et la responsabilité de symboliser son image devant le public. J’ai abordé ces responsabilités dans l’action sur le terrain avec pour tout bagage ma sincérité.
Les années 1980 à 1987, date à laquelle je suis parti faire mon stage de DEA en Allemagne ont été une période de fort investissement dans la vie associative. Après mon élection au club Microtel de Rennes puis à la Fédération régionale, et devant l’injustice que nous avions ressenti de la part de la municipalité de Rennes, j’ai décidé de me présenter comme administrateur de l’OSCR qui gérait les subventions aux associations. Je l’ai fait pour avoir plus de poids afin de défendre les couleurs de Microtel mais aussi pour mon engagement dans la vie associative que je vivais aussi comme membre du club espéranto et comme pékin de base aux amitiés franco-chinoises. Dans les responsabilités que j’ai assumées à Microtel et à l’OSCR, j’ai rencontré des hommes politiques et pu ainsi observer la différence fondamentale entre l’approche associative et politique, l’exercice du pouvoir politique étant souvent emprunt de non dit. Que ce soit le fascisme du « ferme ta gueule » ou la démocratie du « cause toujours », le résultat est parfois le même. J’ai aussi expérimenté des situations où le pouvoir n’avait qu’à être ramassé lors de ses vacances, alors qu’il était convoité lorsqu’il symbolisait la réussite de l’égo. Ce jeu du moi qui est bien décrit par l’analyse transactionnelle et qui gère les relations entre egos prend très vite le dessus dans les relations humaines dès qu’il existe un enjeu, et l’homme providentiel d’un moment se trouve alors débordé par les intérêts personnels ou d’un groupe par rapport aux autres. La seule alternative possible dans le système capitaliste est représentée par les forces de l’argent.
Ces mondes de pouvoir que sont la politique, l’information, la recherche et bientôt la cybernétique par l’asservissement de l’homme à la machine, instituent les règles de fonctionnement des sociétés d’admiration mutuelle et les lois de l’ambition dans l’immobilisme des statuts protégés et le moule de l’indifférence cordiale. Pour le militant qui s’expose, il ne reste qu’à attendre la fracture qui corrigera les aberrations d’un ancien système avant que s’engouffrent les ambitieux pour instaurer un nouveau monde de pouvoir. C’est ce que l’on observe avec l’avènement de la dictature de l’écologie, les dynasties de chercheurs malgré la faillite des experts et l’amitié de toujours avec la Chine après l’avoir humiliée et méprisée. Combien d’hommes politiques se sont inventés, vingt ans après, un voyage à Berlin pendant la chute du mur qu’ils avaient prédit ?
Lors de mon passage à Berlin en décembre 1989, j’ai vu la confirmation de ce que j’avais pressenti et écrit en 1987 à Erlangen après une visite dans l’absurdité d’un Berlin Ouest isolé par un rideau de fer, en passant par une autoroute où cohabitaient les berlines ouest allemandes et les Trabant, et après des discussions avec des Allemands dont beaucoup allaient se recueillir devant la plaque qui annonçait « Deutschland ist unteilbar » (l’Allemagne est indivisible) lors de leur fête nationale. La chute du mur de Berlin a sonné le glas du capitalisme occidental par le raz de marrée oriental des chinois à qui on a cru apprendre a faire du commerce. Le vingtième anniversaire de la chute du mur était un non-événement face à l’acte de courage des quelques Palestiniens qui détruisaient sous les balles israéliennes un pan du nouveau mur de la honte. Les dominos géants qui tombaient en cascade symbolisaient-ils les pays européens avec en premier la Grèce ? Au jeu de la géopolitique internationale, la logique occidentale est échec et mat en deux ans et ne pourrait se relever qu’en prenant en compte la pensée chinoise, en espérant que celle-ci s’apaise après avoir corrigé l’anomalie de l’Histoire que représente son asservissement par l’Occident, au lieu qu’elle n’attende patiemment que le vainqueur du combat entre le tigre de papier occidental et le monde musulman soit si affaibli qu’un simple chien pourra le vaincre. De son côté, le dragon oriental est lui même miné par son dérapage vers une modernité amnésique et son refus du Bouddhisme tibétain qu’il paie par un nombre déjà plus important de membres du Falun Gong que du parti communiste chinois.
Pour ma part, ce travail d’analyse de mon parcours m’a permis de réaffirmer sa cohérence et le fondement de mes valeurs. C’est avec toute l’humilité de mes expériences populaires, souvent à contre courant des tendances immédiates que je réaffirme la loi de cause à effet et l’enchaînement des situations que l’on ne peut orienter vers l’harmonie qu’en prenant en compte le passé pour construire l’avenir. En 1980, j’intégrais les associations de micro-informatique, d’espéranto et d’amitié avec la Chine. En 1988, j’allais au moyen Orient partager la vie des victimes de l’injustice, en 1994 je partais passer un an en Chine dans les conditions spartiates d’un étudiant, puis en 2000 j’entrais dans la mouvance maintenant mature du logiciel libre pour un public d’exclus du monde du travail, avant de m’orienter vers le métier de formateur consultant en 2005 avec pour orientations principales :
Toutes ces expériences de terrain, associées aux études universitaires et séjours à l’étranger, m’ont préparé à exercer la fonction de responsable de dispositif de formation avec les composantes de conception de projets pédagogiques adaptés à la situation socio-économique, de gestion, d’organisation, mais aussi et surtout humaine qu’elle comporte.
Mon but est d’améliorer la qualité de mes prestations professionnelles et d’obtenir un titre crédible qui me permettra d’exercer ces fonctions en pleine responsabilité.